

Un petit mot sur la Bourse-à-Pasteur
La Bourse-à-Pasteur (Capsella bursa-pastoris) fait partie de la famille des Brassicacées ou Crucifères. Elle pousse dans les chemins, en général sur les bords ou dans les creux des fossés ou murs, les terrains incultes et envahit souvent les jardins. Sa plantation est de février à octobre. Sa floraison est annuelle et elle se récolte de janvier à novembre.
C’est une espèce Rudérale (Ce sont des plantes qui se développent à proximité ou sur des décombres, dans les friches, sur les talus de gravats) comme l’ortie et la moutarde, dont elles est assez proche (font partie de la même famille et se ressemble un peu). Elle attire facilement les insectes. D’ailleurs, lorsque la graine est placée dans l’eau, ce sont les moustiques qui sont aimantés. C’est une bonne plante de lutte contre certains insectes car la graine libère également une substance toxique pour les larves. Un demi-kilo de semences est dit être capable de tuer 10 millions de larves ! Comme un certain nombre d’autres plantes dans la famille des Brassicacées, ses graines contiennent une substance appelée mucilage. Le fait que ce dernier devienne collant lorsqu’il est mouillé a conduit certains botanistes à penser qu’elle piège des insectes, lesquels fournissent ensuite des nutriments au semis, ce qui en ferait une plante proto-carnivore. Les oiseaux sont très friands des graines de la bourse-à-pasteur (c’est souvent pour les insectes collés, c’est leurs bonbons …).
On dit qu’à la ceinture des bergers d’autrefois, pendait une bourse, vaguement triangulaire, qui était toujours plate, “because“ les bergers étaient très pauvres, c’est bien connu. C’est à cause de la ressemblance des fruits de la plante à cette fameuse bourse qu’on lui a donné le nom de bourse-à-pasteur, plus rarement bourse à berger, ou encore mollette de berger. D’ailleurs, il est intéressant d’observer qu’en français comme en anglais, le mot “pasteur” apparaît dans le nom de nombreuses plantes. Ainsi, on a l’horloge de pasteur, la boussole de pasteur, l’aiguille de pasteur, la pipe de pasteur, la massue de pasteur… On peut imaginer que toutes ces plantes ont fait office d’outils et d’instruments de fortune pour les pasteurs qui, six ou sept mois par année, vivaient loin de tout et devaient se débrouiller avec ce qu’ils trouvaient dans le milieu sauvage.
La première description a été réalisée par Linné en 1753 sous le genre : Thlaspi bursa-pastoris, mais a été classée dans le genre Capsella en 1792 par un botaniste allemand.
L’action hémostatique de la plante ne s’est jamais démentie, de l’Antiquité à nos jours. Elle est prescrite sous forme de tisane concentrée ou de vin médicinal. Au Moyen-Âge, l’école de Salernes en Italie du Sud lui attache même un curieux cérémonial : il faut cueillir la bourse-à-pasteur au mois de juin, à la lune descendante car elle a des vertus cachées et secrètes. Pour arrêter les saignements de nez, il faut que le patient en tienne dans la main droite deux branches l’une sur l’autre. Une autre utilisation stipule que la plante doit être tenue dans la main opposée à la narine qui saigne. Au début du XXème siècle, et dans le même but, des Suisses spécialistes de la flore alpine conseillent d’entourer le cou et la nuque d’une touffe de bourse-à-pasteur fraîche. Pendant la Première Guerre mondiale, lorsque les remèdes courant contre l’hémorragie tel que l’Ergot de Seigle (eh oui ce n’est pas qu’un champignon provoquant des hallucinations et l’ancêtre du LSD) étaient introuvables, la bourse-à-pasteur servait d’ersatz. Considérée par les Anglais comme la pharmacie du Pauvre, toute la plante est antihémorragique, tonique et diurétique. Comme toutes les Brassicacées, elle contient de la Vitamine C ainsi que de nombreux sels minéraux comme le Phosphore, le calcium, le Potassium et le Souffre.
En tout cas, elle est depuis si longtemps utilisée et recommandée pour arrêter les hémorragies utérines. Elle est moins toxique que l’Ergot et surtout notre organisme la supporte mieux. Elle est utilisée pour stopper tout écoulement sanguin (du saignement de nez jusqu’à la présence de sang dans les urines). Astringente, elle désinfecte les voies urinaires en cas de cystite et est utilisée pour soigner la diarrhée. En Chine, elle soigne la dysenterie et les affections oculaires.
Elle est déconseillée pendant la grossesse car elle est abortive. Évitez son emploi en cas de traitement de l’hypertension artérielle mais aussi avec des troubles de la glande thyroïde ou les maladies cardiaques.
Pour la cuisine j’ai mis de délicieuses recettes dans mon livre de Cuisine Tome 2. Dans vos salades, incorporez les rosettes, les boutons floraux et les fruits ainsi que les racines tendres hachées. En Asie, la plante est souvent cuite afin de parfumer le riz.